Tenu secret pendant quarante ans, un gisement de Sibérie contient 110 fois les réserves mondiales de diamants. Les pierres seront destinées à l’industrie.
Le secret a été soigneusement gardé pendant une quarantaine d’années. Cette semaine, l’Institut de Géologie et de Minéraux Sobolev a été autorisé à vendre la mèche: la Russie compte un énorme gisement de diamants dans une zone inhabitée de Sibérie. Créé par la chute d’un astéroïde il y a 35 millions d’années, il a été découvert dans les années 1970 mais est resté secret, considéré comme une «réserve stratégique» par l’URSS.Première particularité du gisement de Popigaï: sa taille: «Les 0,3% du cratère explorés donnent déjà 147 milliards de carats, alors que les réserves mondiales de diamants sont estimées à 5 milliards de carats», affirme le directeur de l’institut Sobolev. Au total, le gisement possèderait des réserves 110 fois supérieures aux réserves mondiales de diamants!
De quoi faire chuter le prix des bijoux de ces dames? Ce serait très improbable, car, si le gisement est exploité, les pierres extraites seront destinées à l’industrie, comme près de la moitié des diamants produits dans le monde. Les graines grises, bleues ou jaunes du gisement de Popigaï ont la particularité d’être «ultra-dures»: selon l’agence russe Itar-TASS, elles sont deux fois plus résistantes que les diamants traditionnels. Ce qui convient parfaitement à une utilisation dans l’industrie, par exemple pour des machines-outils de précision tels que des scies, du matériel dentaire ou ophtalmologique. Les pierres destinées à la joaillerie doivent, à l’inverse, être le plus transparentes et incolores possible et ne doivent pas être trop résistantes pour que l’opération de taille soit moins complexe et coûteuse.
Une «révolution industrielle»?
Pour l’institut Sobolev, la découverte pourrait entraîner rien de moins qu’une «révolution industrielle dans le monde». Au contraire, Bruno Pozzera, créateur du site Diamant-infos, estime que «ce nouveau gisement n’aura aucun impact sur le prix ni sur la production des diamants». «La Russie possède déjà d’énormes réserves de diamants de très bonne qualité», fait-il valoir. Il s’écoule, de plus, 10 à 20 ans entre la découverte d’un gisement et son exploitation, le temps de réaliser des études géologiques, d’amener du matériel et de construire des routes et la mine.
Enfin, pour Bruno Pozzera, la révolution dans le secteur du diamant serait plutôt à guetter dans les laboraires: «L’homme est aujourd’hui capable de créer un diamant avec les mêmes caractéristiques. On ne sait pas encore le produire en masse, mais je pense qu’on y arrivera d’ici 5 à 10 ans. Alors il vaudra mieux construire une usine en France qu’aller creuser en Sibérie.»
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