Curiosity retrouve les traces d'un ancien ruisseau sur Mars

Photo prise le 14 septembre 2012 par le robot Curiosity et transmise par la Nasa, montrant un affleurement rocheux provenant du lit d'un ancien ruisseau 


Le robot américain Curiosity, sur Mars depuis sept semaines, a découvert des graviers et cailloux provenant du lit d'un ancien ruisseau, confortant les hypothèses d'un passé humide de la planète rouge, ont annoncé jeudi des scientifiques de la mission.


D'autres indices de la présence passée d'eau sur Mars avaient déjà été observés mais jamais de tels sédiments laissés par l'écoulement d'eau, ont-ils précisé.

Des orbiteurs ont depuis longtemps pris des images de canaux à la surface de Mars dont on supposait qu'ils ont été creusés par l'écoulement d'eau dans le passé.

Mais "c'est la première fois que nous voyons des graviers transportés par de l'eau sur Mars", a dit William Dietrich de l'Université de Californie, un des scientifiques de la mission. "Ceci est une transition entre des hypothèses quant à la taille des matériaux transportés par un écoulement d'eau et une observation directe de ces derniers", a-t-il ajouté.

Les images transmises par Curiosity montrent des graviers, des cailloux et du sable cimentés dans une couche de roches conglomérées de 10 à 15 cm d'épaisseur datant probablement de "plusieurs milliards d'années", a par ailleurs précisé, lors d'une conférence de presse, William Dietrich.

Les ruisseaux pourraient avoir existé pendant "des milliers voire des millions d'années", a-t-il ajouté. La taille de ces cailloux --qui varie de celle d'un grain de sable à celle d'une balle de golfe-- et leur forme donnent une idée de la vitesse et de la distance de l'écoulement de ce ruisseau.

"A partir de la taille de ces cailloux (dont certains se sont détachés de la roche, ndlr), on peut en déduire que l'eau s'écoulait à environ 0,91 mètre par seconde" et avec une profondeur d'un mètre environ, soit la distance de "la cheville à la hanche", a précisé William Dietrich.

Ecoulements continus ou répétés


"La forme de ces graviers révèle qu'ils ont été transportés et leur taille confirme qu'ils n'ont pas été transportés par le vent mais par le flot de l'eau", a souligné Rebecca Williams du Planetary Science Institute à Tucson (Arizona), membre de l'équipe scientifique de Curiosity.

La forme arrondie de certains de ces cailloux indique qu'ils ont été transportés sur de longues distances depuis le haut du bassin où un "canal" appelé "Peace Vallis" rejoint l'écoulement alluvial.

L'abondance de canaux dans ce bassin laisse penser que ces écoulements d'eau étaient continus ou répétés au cours d'une longue période, et non pas occasionnels ou même durant seulement quelques années, selon ces scientifiques.

Ces derniers pensent que Curiosity se trouve au milieu d'un réseau d'anciens ruisseaux et rivières.

Ces chercheurs pourraient utiliser les instruments de Curiosity pour déterminer la composition chimique de cette couche de roche conglomérée qui pourrait révéler davantage de caractéristiques de l'environnement humide dans lequel ces sédiments se sont formés.

Cette découverte a été faite sur un site situé au nord du cratère Gale sur l'équateur martien et au pied du mont Sharp, une montagne de 5.000 mètres d'altitude se trouvant à l'intérieur, destination finale de Curiosity.

Curiosity avait étudié son premier morceau de roche au début de la semaine, surtout pour tester son bras robotique, et a repris sa route pour se rendre à Glenelg, zone géologiquement intéressante toute proche située à l'intersection de trois types de terrains.

C'est là que la Nasa espère trouver des roches intéressantes à analyser et effectuer les premiers forages dans le sol martien.

La destination finale de Curiosity est le mont Sharp distant de huit kilomètres, un trajet qui prendra au moins trois mois à raison de cent mètres par jour, selon la Nasa.

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