Les émissions de CO2 dans l'atmosphère ont été multipliées par 4 au cours de ces 50 dernières années. Heureusement, notre planète aurait réussi, via ses puits de carbone, à capturer la moitié du carbone contenu dans ces rejets. Elle participerait ainsi activement à la lutte contre le réchauffement climatique, mais pour combien de temps encore ?
L’Homme n’est pas seul à lutter contre le réchauffement climatique. Notre planète tout entière s’évertue depuis longtemps à réduire l'impact sur le climat de nos rejets massifs de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Pour ce faire, les océans, le sol et les végétaux absorbent chaque année d’importantes quantités de carbone. Malheureusement, l’efficacité de ces puits de carbone tendrait, selon des études récentes, à diminuer, ou du moins à stagner, dans plusieurs régions terrestres ou océaniques du globe.
Ashley Ballantyne de l’University of Boulder vient de remettre en cause ces travaux au travers d'une nouvelle étude publiée dans la revue Nature. Ses conclusions sont nettes : la Terre absorberait aujourd'hui deux fois plus de carbone qu’il y a 50 ans. Les biosphères terrestres et les océans emprisonneraient environ la moitié du carbone émis dans l’atmosphère sous forme de CO2 par les activités anthropiques (combustion des carburants fossiles, par exemple) ou par les feux de forêts.
Le carbone émis capturé à moitié
Pour commencer son analyse, Ashley Ballantyne a réalisé un inventaire des différents travaux et rapports, dont certains ont été émis par le U.S. Department of Energy’s CO2 information analysis center, ayant estimé les émissions de CO2 dans l’atmosphère au cours de ces 50 dernières années. Les données ont ensuite été comparées à des mesures de la concentration en gaz carbonique atmosphérique prises durant la même période en 40 points du globe (par exemple en Antarctique ou sur le volcan Mauna Loa à Hawaï) par la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) et la Scripps Institution of Oceanography.
Près de 350 milliards de tonnes de carbone auraient été libérés dans notre environnement entre 1959 et 2010, dont 33,6 milliards pour cette seule dernière année (selon l’International Energy Agency, IEA). Les émissions de CO2 auraient été multipliées par 4 en cinq décennies. Dans le même temps, le taux de capture moyen du carbone par notre planète serait passé de 2,4 à 5 milliards de tonnes par an. Grâce à cette augmentation, près de 55 % du carbone émis par l’Homme dans l’atmosphère aurait été absorbé, limitant ainsi considérablement les conséquences de nos rejets sur notre environnement et sur le climat.
Un cycle du carbone instable
Malgré ces chiffres impressionnants, la concentration atmosphérique en CO2 est tout de même passée de 280 parties par million (ppm) avant la révolution industrielle à 394 ppm à ce jour. Le seuil des 400 ppm devrait être franchi en 2016. L’étude d'Ashley Ballantyne a également souligné l’instabilité régnant au sein du cycle du carbone. En effet, la capture globale du CO2 peut fortement varier d’une année ou d'une décennie à l’autre. Elle a par exemple diminué de 1990 à 2000 et augmenté entre 2000 et 2010. Ce résultat souligne un fait important : les études visant à comprendre diverses problématiques liées aux cycles du gaz carbonique et au carbone doivent être réalisées sur de longues périodes.
De nombreuses questions se posent d’ores et déjà devant à ces résultats. Les forêts et les océans ne peuvent pas stocker des quantités illimitées de carbone. Que se passera-t-il lorsqu’ils auront atteint leur niveau de saturation ? Autre point important, l’absorption du dioxyde de carbone par les océans n’est pas sans conséquences sur la vie aquatique. Dans l'eau, en effet, le CO2 se transforme en acide carbonique. Or, cette substance est nocive pour les coraux dont les récifs accueillent près de 25 % des poissons de la planète.
La Terre fait donc le gros du travail afin de limiter au maximum le réchauffement climatique, mais pour combien de temps encore ?
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