Record de la fonte de la calotte glaciaire du Groenland


Les cartes synthétisées à partir des données radar du satellite indien Oceansat-2 montrant l'état de la glace de surface. Le code couleur est quelque peu trompeur. Le blanc indique les régions où la glace est exempte de toute eau liquide (No melting, Pas de fonte). Le gris clair montre les zones sans neige ni glace (Ice/Snow Free), le rose celles où une fonte est probable (Probable Melt) et le rouge là où elle est certaine (Melt). Deux points sont surprenants : 4 jours seulement séparent les deux images (prises le 8 juillet pour celle de gauche et le 12 juillet pour sa voisine) et les parties en blanc couvrent, durant l'été, environ la moitié de la surface de la calotte (47 % sur l'image de gauche) alors que le 12 juillet elles se réduisent à 3 %. © Michon Scott, Nicolo E. DiGirolamo, SSAI/Nasa GSFC/ Allen, Nasa Earth Observatory


Trois satellites viennent de montrer une fonte sans précédent de la glace recouvrant le Groenland et concernant 97 % de sa surface. Les images sont spectaculaires mais à interpréter avec modération. La calotte glaciaire groenlandaise est toujours là…


La double image publiée par la Nasa est saisissante : elle donne l’impression qu’il n’y a quasiment plus de calotte glaciaire (glacier de grande surface mais ne dépassant pas 50.000 km2) sur le Groenland. La réalité est moins dramatique mais tout de même exceptionnelle. Entre le 8 et le 12 juillet, la fonte de la glace superficielle a touché 97 % de la surface de la calotte groenlandaise. En moyenne, explique la Nasa, la fonte estivale en affecte seulement la moitié. Le phénomène est donc classique mais son ampleur a, cette année, surpris les spécialistes du climat arctique.

L’inlandsis recouvrant environ 80 % du Groenland a une épaisseur moyenne de plus de 2 km. Chaque été, une partie de cette glace fond en surface et l’eau liquide peut s’évaporer, rester sur place et finir par recongeler ou bien, à plus basse altitude et près des côtes, s’écouler jusqu’à l’océan. Plusieurs satellites surveillent des variations des surfaces glacées, dont la banquise polaire et la calotte groenlandaise. Mais cette année, le réchauffement estival a semblé particulièrement prononcé. Le 16 juillet, un énorme morceau du glacier côtier Petermann, une langue de glace qui s’étale sur la mer au nord-ouest de l’île, s’est détaché. Avec ses 32 km2, il restait bien en dessous du record de 2010, quand un bloc de 250 km2 s’est séparé de la partie flottante du glacier pour s’éloigner dans l’océan.


De l'eau jusqu'au plus haut de la calotte groenlandaise


Le 12 juillet, Son Nghiem s’est penché sur les observations du satellite Oceansat-2, de l’agence spatiale indienne (Isro), dont les images radar permettent d’analyser l’état de l’eau en surface : totalement gelée ou partiellement fondue. Selon son témoignage, ce chercheur du JPL a d’abord cru à une erreur. Alors que d’ordinaire à cette époque, la partie centrale du Groenland est toujours entièrement glacée, les données d’Oceansat-2 ne montraient que quelques zones résiduelles où la glace n’était pas du tout fondue, ne représentant que 3 % de la surface. Même le « Camp du sommet » (Summit Station), le point le plus élevé de la calotte, à 3.216 m d’altitude, portait de l’eau liquide, ce qui n’était pas arrivé depuis 1889 d’après Kaitlin Keegan.


Glaciologue du Darmouth College et membre du programme Darmouth Igert, Kaitlin Kleegan se trouve actuellement près du Camp du sommet et témoigne sur le blog qu’elle alimente. Pourtant, le 8 juillet, la calotte glaciaire était dans une situation normale, avec 40 % affectée par une fonte superficielle… Les deux satellites de la Nasa Aqua et Terra, avec leurs instruments Modis (Moderate-resolution Imaging Spectroradiometer), ont confirmé les observations d’Oceansat-2.

Selon la Nasa, cet épisode de fonte rapide et étendue coïncide avec le passage d’un front chaud inhabituellement actif. Une série de fronts chauds de ce genre dominent la météo au Groenland depuis la fin du mois de mai, indique la Nasa. De tels épisodes de fonte surviendraient tous les 150 ans, estime la glaciologue Lora Koenig, citée dans le communiqué, « mais si nous continuons à observer des événements de ce genre dans les années à venir, ce sera inquiétant ».

source


Commentaires