De grands projets programmés au Maroc pour les énergies renouvelables


Centrale thermosolaire d'Ain Beni Mathar.

Soleil, montagnes et mer en abondance, mais point de carburant: pour répondre à cette anomalie le Maroc s'est lancé dans un vaste chantier afin de devenir un champion mondial des énergies renouvelables. Avec les montagnes qui surplombent ses rivages et s'étendent à l'intérieur, et son long littoral -plus de 3.500 km de côtes de la Méditerranée à l'Atlantique-, le Maroc est présent sur deux fronts: l'éolien et le solaire. Dans les prochains jours doit être dévoilé le consortium international choisi pour construire la première tranche d'une immense centrale solaire à Ouarzazate (sud) d'une capacité de 500 MW à l'horizon 2015.

Trois consortium ont été retenus par l'Agence marocaine de l'énergie solaire (Masen) dans son appel d'offres d'une valeur de quelque 500 millions de dollars, financés notamment par la Banque mondiale. D'une capacité de 160 mégawatts, la centrale fait partie du Plan énergétique qui vise à construire cinq parcs solaires d'une capacité de 2 000 mégawatts d'ici 2020. Ce projet ambitieux devra permettre au Royaume de réduire les émissions de CO2 de 3,7 millions de tonnes.

Ambassadeur du futur

De l'avis des experts, le consortium mené par le saoudien Saudi international company for Water and Power (ACWA) partenaire de l'espagnol Aries IS et de l'allemand TSK EE, part favori face à deux autres groupes, l'un avec le japonais Mitsui et l'autre avec l'italien Enel. «L'annonce des résultats est prévue dans les prochains jours», a indiqué à l'AFP Mustafa Bakkoury, le président de Masen. Cette annonce devait intervenir à Ouarzazate en présence du pilote de l'avion solaire Solar Impulse et de l'équipe du projet partenaire de Masen. Elle a été reportée à cause du retour de l'appareil expérimental suisse contraint de faire demi-tour mercredi de raison des vents.
Solar Impulse --qui se veut «ambassadeur du futur» en matière d'énergie renouvelable et a choisi le Maroc comme partenaire --a accompli la semaine dernière le premier vol intercontinental avec pilote de l'histoire et sans carburant, en atterrissant à Rabat venant de Suisse, après une escale à Madrid. Pour le projet solaire au Maroc --qui a une bonne longueur d'avance sur l'Algérie et la Tunisie -- la Banque Mondiale a accordé deux prêts d'un montant global de 297 millions de dollars (270 M d'euros), remboursable sur une durée allant de 30 à 40 ans, avec des périodes de franchise de 5 à 10 ans. L'Agence française de développement (AFD) pour un crédit de 100 millions d'euros est aussi de la partie avec l'Union européenne qui a signé en janvier des conventions de financement de deux projets relatifs à la centrale solaire à concentration de Ouarzazate pour 30 millions d'euros.

Diminuer la dépendance aux importations

A l'horizon 2020, le Plan solaire marocain ambitionne d'attirer des investissements d'environ 9 milliards de dollars visant à produire 2 GW d'énergie solaire, ce qui correspond à 38% de la capacité actuelle de production électrique de ce pays en développement de quelque 33 millions d'habitants. Le Maroc devrait ainsi réduire à l'horizon 2020 sa dépendance du pétrole, a indiqué en mai à l'AFP le ministre de l'Energie et de l'Environnement Fouad Douiri. «Plus de 80% de nos besoins en énergie sont importés et il est crucial de diminuer cette dépendance», a-t-il dit.
Les achats de carburants reviennent très chers au trésor, amenant le nouveau gouvernement islamiste d'Abdallah Benkirane d'augmenter le 2 juin le prix du litre d'essence de pas moins de 20% d'un coup. Dans le seul éolien cinq projets de 720 MW sont en chantier pour une mise en service en 2012, et pour un coût de 12 milliards de dirhams (1,09 md d'euros). Les côtes du Maroc possèdent un important gisement d'énergie éolienne avec un potentiel de 6.000 MW environ. D'ores et déjà, des projets sont en cours pour doter de grands groupes cimentiers de «fermes éoliennes», préparant ainsi un avenir où l'environnement sera protégé.

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