La ville de Naples, en Italie, se trouverait à quelques kilomètres d’un supervolcan dormant sous les champs phlégréens. Son éruption pourrait être cataclysmique. C’est du moins ce que pensent plusieurs scientifiques. Un forage de 4.000 mètres de profondeur aurait dû être effectué en 2009 pour en avoir le cœur net, mais il a été interdit par le maire de l'époque pour des raisons de sécurité. Il vient à nouveau d’être autorisé, sans réelle amélioration apparente.
Les champs phlégréens, littéralement « champs brûlés » en référence aux nombreux phénomènes hydrothermaux qui y sont observés, jouxtent la ville de Naples. Il s’agit d’une caldera de 13 km de diamètre dont l’origine serait liée à deux éruptions volcaniques majeures survenues il y a 14.000 et 39.000 ans. Le site connaît depuis des regains d’activité magmatique, générant parfois de petites éruptions (la dernière a eu lieu en 1538), suivis de phases de repos.
Une étude réalisée grâce au satellite Envisat en 2006 a mis en évidence une élévation du sol de 2,8 cm survenue en moins de douze mois. Ce fait prouve l’existence de flux magmatiques souterrains pouvant même, selon certains scientifiques, alimenter un supervolcan en formation. Ces structures sont particulièrement destructrices lorsqu’elles entrent en éruption. Elles peuvent en effet libérer plus de 1.000 km3 de matière en seulement quelques heures ou quelques jours, avoir un impact sur le climat et surtout tuer des milliers ou des millions de personnes.
Il s’agit d’une hypothèse, mais un projet, the Campi Flegrei Deep Drilling Project, a vu le jour pour l’étudier dans le cadre de l'International Continental Scientific Drilling Program (ICDP). Un forage à 500 puis 4.000 mètres de profondeur était prévu en 2009. Cependant, plusieurs avis scientifiques, soulignant notamment l’existence de risques de tremblements de terre ou d’explosions, ont poussé le maire de Naples de l’époque, Rosa Russo Iervolino, à interdire ces travaux. Près de trois ans plus tard, le responsable actuel de la ville, Luigi de Magistris, vient d’autoriser la reprise du chantier, c’est du moins ce que rapporte l’agence de presse italienne Ansa. Un forage de 500 mètres de profondeur est prévu, pour commencer…
Un risque d’explosion non quantifiable
Benedetto De Vivo, de l’université de Naples, a été le principal opposant scientifique au projet en 2009. Selon lui, le forage pourrait provoquer plusieurs tremblements de terre de petites amplitudes. Mais ce n’est pas tout. Le sol de la caldera contiendrait un liquide supercritique à 3.000 mètres de profondeur. Sa rencontre avec du magma pourrait provoquer une explosion dont l’importance est impossible à quantifier. Des études préliminaires ont localisé la roche en fusion à 7.000 mètres sous la surface, donc au-delà de la profondeur maximale du puits prévu, mais dans ce domaine des erreurs ont déjà été commises dans le passé. Un forage réalisé en Islande a ainsi percé une poche magmatique en 2011.
Malgré ces affirmations, Ulrich Harms du Centre de recherche allemand en géosciences de Potsdam continuait d’affirmer à l’époque que le forage serait parfaitement bien maîtrisé et sans aucun risque pour le public. N'a-t-on pas creusé des milliers de puits dans le monde sans jamais recenser une seule explosion ? Il rappelait également la nécessité de connaître avec certitude le statut de la caldera, notamment pour déterminer le risque volcanique qu’elle présente.
À la recherche du potentiel géothermique de la région
Selon Giuseppe De Natale de l’Institut national italien de géophysique et volcanologie, le nouveau projet devrait débuter dans les mois à venir. Il permettra de placer des capteurs pour étudier le bradyséisme, c’est-à-dire la remontée ou la descente lente du sol au cours du temps, les activités sismiques et l'évolution de la température avec la profondeur. L’objectif est de comprendre le lien unissant les mouvements du sol et les phénomènes éruptifs. Par ailleurs, ce projet devrait également fournir des informations sur le potentiel géothermique de la région.
Selon l’Ansa, le maire de Naples était indisponible pour répondre aux questions des journalistes ces jours-ci. Aucune justification ne précise donc pourquoi ce projet a reçu son approbation. De plus, si le forage du puits se passe bien jusqu’à 500 mètres, il pourrait être prolongé de 3.500 mètres, comme prévu initialement.
Tout le monde s’accorde au moins sur un point : ce forage ne peut pas déclencher une éventuelle éruption volcanique, ce qui, en soi, n’est déjà pas si mal.
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