Maroc : silence officiel autour des récentes découvertes pétrogazières



 Le quotidien L’Economiste s’étonne du silence officiel qui entoure les annonces de découvertes pétrolières et gazières effectuées au large des côtes du Maroc et du Sahara : « Le silence presque gêné des  autorités est une surprise » écrit le journal à propos des non-réponses reçues dans sa recherche d’informations.

L’Economiste voit dans ce silence gouvernemental une prudence extrême qui serait due aux faux espoirs suscités en 2000 par l’annonce prématurée de réserves de près de 2 milliards de barils, par le ministre de l’Energie, puis par le roi lui-même.

Pourtant les choses semblent bien se précipiter dans l’offshore maroco-saharien. Rappel des faits reportés par notre agence durant ces 4 derniers mois.

2 décembre 2011

L’australien Tangiers Petroleum identifie trois nouveaux prospects sur le bloc Tarfaya, au large du Maroc, après le traitement de données sismiques 2D.

Nommés Apollo, Hermes et Hercule, ces nouveaux prospects se situent dans des intervalles du Crétacé inférieur, dont des relevés antérieurs ont laissé espérer des réservoirs d’excellente qualité et des porosités au dessus de 25 %, pour la portion haute. Une étude précédente avait permis d’établir une ressource prospective de 875 millions de barils pour quatre autres prospects (Assaka, Trident, TMA et La Dam).

26 décembre 2011

Selon Damon Neaves, directeur général de la compagnie pétrolière australienne Pura Vida Energy, déjà présente dans l’offshore marocain (voir carte), la longue côte atlantique du Sahara « est sous-explorée par rapport aux voisins ghanéen et mauritanien ». Dans une déclaration à l’agence ABC Rural, Damon Neaves affirme que des experts voient dans cette zone un potentiel de «  réserves de pétrole et de gaz naturel considérables. » Plusieurs grands groupes pétroliers s’intéressent à ce potentiel pétrolier offshore car « la géologie de part et d'autre de la côte atlantique présente des caractéristiques tout à fait favorables à la présence d'hydrocarbures liquides ou gazeux ». A cette adresse l’interview audio de Damon Neaves : www.abc.net.au/rural/news/content/201112/s3396494.htm

27 janvier 2012

« Le site de Zag contient d’énormes potentialités gazières comme c’est le cas, non loin, chez le voisin algérien. Ce projet au Maroc est parmi les programmes les plus importants pour notre groupe, que ce soit en termes de production et de potentialités offertes à long terme», a déclaré Bryan Benitz, le président de la compagnie australienne Longreach Oil and Gas, au terme de son programme sismique 2D sur son permis Zag, près de Tarfaya.

Non loin de là, la compagnie pétrolière Repsol a découvert, en 2009, un potentiel de 800 milliards de m3 de gaz, dans le bassin algérien Reggane. C’est également dans cette zone que Tangiers Petroleum, une autre compagnie australienne, a récemment conclu avec succès un programme sismique 3D sur le site offshore de Tarfaya. Fort de ces résultats la compagnie a demandé son admission à l’Alternative Investment Market du London Stock Exchange afin de lever les capitaux nécessaires au développement de ses projets au Maroc.

2 février 2012

Le lieutenant général César Muro Benayas, chef du Commandement militaire des îles Canaries, estime que les Forces armées de son pays doivent se préparer à gérer un regain de tensions entre l’Espagne et le Maroc suite à la découverte de gisements de pétrole et de gaz au large du Sahara occidental. « La question du pétrole, qui va prochainement se poser, sera une source d'instabilité et augmentera la tension » a-t-il déclaré.

19 mars 2012

Le gouvernement espagnol a autorisé la prospection de pétrole au large de l'archipel des Canaries. L’opération sera menée par le groupe Repsol avec les groupes australien Woodside (30%) et allemand RWE (20%). L’objectif du consortium est de procéder aux premiers forages d’ici environ deux années. Des premières explorations avaient été menées dès 2001 mais la justice les avait interrompues en 2004. Elles avaient cependant révélé plusieurs gisements, à environ 70 kilomètres des côtes, près de la frontière maritime avec le Maroc, à la limite du Sahara occidental.

Selon les premières évaluations, ces gisements conséquents pourraient produire 100 000 barils jour, soit 10% de ses importations actuelles de l’Espagne.

21 mars 2012

La compagnie britannique Wessex Exploration a reçu une offre de Total pour un montant qui la valorise à près de 87 millions d’euros. Le conseil d’administration de Wessex aurait l’intention d’accepter la cession à ce prix, sauf si une meilleure offre lui était présentée par une autre compagnie.

Entre 2006 et 2011, elle a signé, via sa filiale Maghreb Exploration, avec le République arabe sahraouie démocratique (RASD), des contrats de partage de production pour le bloc offshore Imlili (6550 km² pour des profondeurs d'eau allant jusqu'à 150 m) dont elle détient 50%.

Elle possède également des droits sur le bloc offshore Guelta, ainsi qu’une licence onshore couvrant Bojador sur 9,88 millions d’acres. La compagnie espère une proche résolution par l’ONU du conflit territorial avec le Maroc pour entrer en pleine action sur ces différents prospects.

30 mars 2012

La compagnie britannique Longreach Oil & Gas a annoncé l’évaluation indépendante des ressources des licences de Foum Draa et Sidi Moussa, réalisée par le groupe Netherland, Sewell & Associates (NSAI) : 2,1 milliards de barils et 1000 milliards de pc de gaz.

Le prospect le plus important identifié sur les licences, qui porte le nom d’Apricot, est crédité de ressources prospectives de 584 Mbls et quelque 10 Mm3 de gaz.

3 avril 2012

Pour Fouad Douiri, ministre de l'Industrie et de l'Energie, intervenant lors d’un forum organisé par le Fédération de l'énergie de la CGEM, la solution du futur, c’est le gaz : « Compétitif, polyvalent, propre, ce combustible est également pérenne, ce qui joue beaucoup en sa faveur », déclare le ministre, ajoutant que « les réserves de gaz peuvent représenter jusqu'à 200 ans de consommation. »
Le gaz ne satisfait actuellement que 4% des besoins énergétiques du Maroc contre environ 25% au niveau international. Un déficit que le ministre entend combler dès que possible, car « le gaz naturel est le meilleur ami des énergies renouvelables. » argumente-t-il, assurant que le gouvernement planche actuellement sur un nouveau cadre législatif pétrogazier et sur la création d’une autorité de régulation du secteur.

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