L'accident de la centrale japonaise a provoqué la plus grande marée radioactive de l'histoire. Mais les rejets ont été presque miraculeusement dilués grâce aux très puissants courants marins qui longent la côte.
Les mesures de radioactivité faites en juin 2011 dans le Pacifique à bord du Ka imikai-o-Kanaloa, un navire scientifique américain, viennent d'être publiées. Elles confirment bien que l'accident de la centrale de Fukushima du 11 mars 2011 a entraîné la plus importante pollution radioactive du milieu marin de toute l'histoire du nucléaire. Elle montre aussi que les rejets radioactifs ont été presque miraculeusement dilués grâce aux très puissants courants du Kuroshio qui longent la côte du Tohoku, la région où la centrale avait été construite.
«30.000 becquerels par litre»
«Même s'il y a maintenant dix, voire mille fois plus de césium 137 (le principal radionucléide rejeté lors des fuites des réacteurs endommagés) qu'avant l'accident de Fukushima, les risques radioactifs sont inférieurs à ceux considérés comme dangereux pour les animaux marins et la consommation humaine et même inférieures à la radioactivité naturelle», soulignent les auteurs de l'étude publiée le mardi 3 avril dans les Pnas. Les niveaux de radioactivité sont comparables à ceux mesurés dans la Baltique.
Pourtant, Fukushima a été une vraie catastrophe. «Dans la semaine qui a suivi les premières fuites, on a mesuré en mer, à 300 mètres de la centrale, des concentrations de 30.000 becquerels par litre (la radioactivité naturelle de l'eau de mer est de 10 Bcq/l, NDLR). On n'avait jamais vu ça», souligne en effet Pascal Bailly du Bois, de l'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire).
Basé à Cherbourg-Octeville, il fait des recherches depuis plusieurs années sur la dispersion des rejets en mer de l'usine de retraitement atomique dans la Manche et l'Atlantique Nord.
L'un des courants les plus puissants du monde
Heureusement, les courants du Kuroshio, qui tournent dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, sont parmi les plus puissants du monde. La moitié de l'eau de mer présente dans un rayon de 50 km autour de la centrale de Fukushima est renouvelée tous les sept jours. La dispersion naturelle a donc joué un rôle considérable. «Si les rejets s'étaient produits dans une mer fermée comme la Méditerranée, ou en mer d'Irlande ou dans la Baltique où il y a peu de courants, cela aurait été une véritable catastrophe», assure Pascal Bailly du Bois.
Grâce au Kuroshio, la radioactivité au large de la centrale a donc très rapidement décru. Elle s'est dispersée. «Fukushima a triplé le bruit de fond à l'échelle de tout l'océan Pacifique», résume le chercheur de l'IRSN. Les poissons marins, excepté ceux qui se trouvaient à proximité de la centrale lors des fuites massives, sont consommables par l'homme.
Risque tsunami revu à la hausse
Les experts japonais ont tiré les leçons du séisme du 11 mars 2011 qui avait entraîné un tsunami dévastateur sur toute la côte nord-est du Japon. Dans un rapport remis ce week-end au gouvernement, ils affirment que la côte sud-est du pays pourrait être dévastée à son tour par une vague géante dépassant plus de 34 mètres si un séisme de magnitude 9 se produisait au niveau de la faille de Nankai. Dans leur précédent rapport daté de 2003, les chiffres avancés étaient moitié moins importants.
L'île de Shikoku pourrait être la plus touchée, mais une vague de 21 m pourrait aussi balayer les régions côtières du sud de Honshu, la plus grande île de Honshu. Une vague de 21 m pourrait frapper la centrale nucléaire de Hamaoka, actuellement à l'arrêt, et passer par-dessus la digue de 18 m qui est en train d'être construite.
Un rapport remis vendredi au ministère de l'Éducation appelle les autorités de l'agglomération de Tokyo à préparer les populations à l'éventualité d'un séisme de magnitude 7. Le grand quotidien japonais Asahi Shimbun dressait dimanche toute une liste des problèmes que pourraient rencontrer les habitants de la région à la suite de ce tremblement de terre.
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