Le modèle standard de la formation de la Lune fait intervenir la collision d’une petite planète de la taille de Mars, Théia, avec la Terre. L’une de ses prédictions, qui implique que la Lune et la Terre ne peuvent pas avoir une composition identique en titane, vient d’être réfutée. Il faut revoir le scénario de la naissance de notre satellite.
La Lune possède un noyau ferreux anormalement petit et partage avec la Terre des similitudes surprenantes de composition chimique, notamment au niveau des isotopes de tungstène, chrome, silicium et oxygène. De ces informations sur la composition de notre satellite jointes à des considérations de mécanique céleste, les astrophysiciens et les cosmochimistes en avaient déduit que l’explication la plus probable pour sa formation faisait intervenir un impact géant. Une petite planète de la taille de Mars, baptisée Théia, serait entrée en collision tangentielle avec notre planète moins de 100 millions d’années après le début de la naissance du Système solaire. Sous l’impact, le noyau ferreux de Théia aurait été capturé par la Terre, une partie du manteau des deux planètes se serait retrouvée sous la forme d’un disque d’accrétion entourant la Terre.
En quelques siècles, ce disque de débris et de gaz se serait ensuite rassemblé pour donner la Lune, incorporant au moins 40 % du manteau initial de Théia, le reste venant de la Terre. De cette manière, on expliquait la proximité de la composition chimique de la Lune avec celle du manteau terrestre, une similitude difficilement explicable par l’hypothèse de la capture d’une Lune formée dans des régions chimiquement différentes du disque protoplanétaire.
Une récente publication d’un article dans Nature Geoscience vient de chambouler ce scénario. On se doutait déjà qu’il faudrait peut-être revoir la théorie de la formation de la Terre, mais selon les cosmochimistes, il faudrait en faire de même avec celle de la Lune.
Les chercheurs se sont en effet intéressés aux abondances des isotopes de titane dans les roches lunaires ramenées par les missions Apollo. Après avoir corrigé l’effet des rayons cosmiques sur ces abondances, ils ont trouvé à leur grande surprise que celles-ci étaient quasiment identiques à celles des roches terrestres. Une faible fraction des météorites présentant des abondances similaires, il fallait en déduire que la très grande majorité de la Lune est faite de matériaux issus du manteau de la Terre.
Le retour de la théorie de la fission de Darwin ?
L’énigme n’est pas mince car on ne voit pas facilement comment une telle homogénéité de composition a pu advenir. Il existe cependant divers scénarios possibles dont voici quelques exemples.
Ainsi, juste après l’impact de Théia, un océan magmatique géant devait couvrir la Terre, laissant peut-être s’échapper dans l’espace des matériaux qui ont pu modifier la composition chimique du disque protolunaire, effaçant la mémoire chimique des futures roches lunaires.
Ironiquement, les chercheurs envisagent même d’en revenir à une vieille hypothèse proposée il y a plus d’un siècle par George Darwin, un astronome et mathématicien anglais, fils du célèbre biologiste britannique Charles Darwin. Tombée en désuétude, elle faisait intervenir une rotation rapide de la Terre à l’état fluide, provoquant l’éjection d’un lambeau de matière un peu à la façon de la formation de gouttes de liquide issues de la séparation d’une goutte unique.
source
Commentaires
Enregistrer un commentaire