De l'eau ou de la lave dans les chenaux martiens ?


L'origine des grands canaux d'écoulement observés sur la Planète rouge fait débat depuis longtemps. Certains planétologues soutiennent que l'eau les a sculptés, d'autres préfèrent y voir les restes du passage d'une lave très fluide. La réponse est peut-être dans les deux à la fois.


Ôtons d'emblée les dernières illusions des amateurs de petits hommes verts. Lorsqu'on parle aujourd'hui de chenaux martiens, il ne s'agit en aucune façon des supposés canaux que certains astronomes comme Secchi, Schiaparelli ou Lowell se sont empressés de tracer sur leurs cartes il y a un peu plus d'un siècle, freinés par les limites instrumentales des grandes lunettes astronomiques d'alors et emportés par leur imagination. C'était l'époque où le célèbre vulgarisateur français Camille Flammarion rédigeait un ouvrage intitulé La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité.

L'erreur est excusable, tant la planète Mars fascine les Hommes depuis l'Antiquité, eux qui lui avaient donné le nom du dieu romain de la guerre en raison de sa couleur rouge sang provoquée par la lente oxydation des silicates ferreux qui la recouvrent. Alors que se sont achevées quatre décennies d'observations martiennes par les sondes spatiales, le regard que nous portons sur la Planète rouge est toujours aussi passionné.


Mars : de l'eau d'abord, de la lave ensuite

S'il y a bien aujourd'hui des lits de rivières asséchées dans les plaines martiennes, ils ne sont visibles que depuis l'orbite de la Planète rouge. Leur présence fascine les planétologues depuis qu'ils ont été découverts par les sondes spatiales. Larges pour certains de plus de 10 kilomètres et longs de plusieurs centaines de kilomètres, ces chenaux ont été sculptés par d'énormes volumes de liquide dont la nature divise les scientifiques. Pour les uns ils se sont formés lors du relâchement de gigantesques quantités d'eau, par exemple au cours d'un brutal réchauffement local d'origine volcanique qui a fait fondre l'eau gelée stockée dans le sol, le pergélisol, entraînant des inondations catastrophiques. Pour d'autres comme David Leverington, chercheur à la Texas Tech University, une lave très fluide pourrait produire la même chose, à l'instar de certains chenaux d'origine volcanique qu'on observe sur la Lune ou Vénus.

Au cours de la 43e édition de la Lunar and Planetary Conférence qui s'est tenue du 19 au 23 mars dernier, Alfred McEwen, l'un des responsables de la caméra Hirise qui fournit les images haute résolution de la sonde Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) a suggéré un compromis. Selon lui l'eau serait à l'origine des chenaux très anciens formés il y a plus d'un milliard d'années dans lesquels on observe actuellement des couches d'alluvions et les contours des rivages. Les écoulements de lave fluide sont survenus ensuite, remplissant certains chenaux déjà existants ou en créant de nouveaux. Lui-même et ses collègues vont maintenant rechercher les sites martiens que MRO devra étudier en priorité pour confirmer cette hypothèse.

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